2006 ... Je me rappelle encore des news de l'époque, qui parlaient de la "Révolution", la prochaine console de Nintendo. Une manette séparée en deux, qui capteraient les mouvements, ça intriguait les foules ! Sans parler des premiers artworks de Zelda Twilight Princess, qui étaient à tomber, des fameux trailers si prometteurs, mais finalement mensongers de Red Steel et Wii Music, des premiers "bwaaaaaaa" des lapins crétins, du nouveau Wario Ware, de l'Excite Bike version camions et des fameux miis !!
L'innovation, Nintendo nous (grand public) y avait habitués : le virtual boy, la manette de la N64, l'écran tactile de la DS. Mais là, ils y allaient fort avec la Wii, qui représentait l'immersion totale du joueur dans le jeu ... Et n'importe quel joueur !! Renouant avec le concept de leur première console la Famicom (Family Computer), Nintendo tenait à ouvrir sa petite dernière aux joueurs de 7 à 77 ans (moins et plus à vrai dire). Cette fois, il fallait tout baser sur l'innovation, sacrifiant ainsi un aspect cher aux joueurs : les graphismes. Sortie après la PS3 et la Xbox 360, la Wii n'apportait qu'une maigre évolution de performance comparée à ses consœurs.
En même temps, la mode tourne : les jeux japonais perdent en popularité, place aux jeux occidentaux, en particulier américains. C'est le grand retour des marines et des héros plein de muscles tels qu'on les aimait dans les années 80-90 (qui accompagnait le retour de la dance de cette époque sur les stations de radio), et puisqu'il faut du réalisme et de la "maturité", les standards graphiques grimpent, et grimpent encore, et la console de Nintendo se retrouve complètement dépassée.
Sans parler du mode online ! Une fois de plus, la Wii est complètement larguée : à l'ère du chacun pour soi, le mode local n'a plus sa place. Les écrans splittés sont has been quand on peut profiter d'un écran entier et jouer sur internet avec les copains … Mais surtout, Nintendo a ignoré un phénomène grandissant : les communautés de joueurs sur internet qui n'ont pas la possibilité de se voir physiquement mais qui aimeraient pourtant partager leur passion … Malgré des jeux multi absolument géniaux tels que Smash Bros ou Mario Kart, l'expérience online était gâchée par des codes amis uniques, une interface sympa mais insuffisante, des lags et un Wii Speak pas assez utilisé.
Et pis y'en a marre de Mario, Zelda et Donkey Kong ! On veut du neuf, tout en se plaignant que c'est plus comme avant, et pis y'a trop d'accessoires (pourtant pas obligatoires), et pis on a pas envie de partager cette passion qui fait notre identité avec des faux joueurs, sans parler du nombre de daube qui sortent sur Wii et DS, du soit disant jamais vu quand on oublie le catalogue des précédentes consoles de chez Sony (qui bénéficiaient également de titres de très grande qualité) ... Bref, en à peine six mois, la firme la plus ancienne et la plus populaire du jeux vidéo devient la bête noire, la marque pour les filles, la marque pour les mamans, pour les vieux, pour les gamins, bref, la marque qu'il faut surtout pas aimer si on veut pas avoir la loose ...
Pourtant, la Wii est un véritable succès commercial, autant chez les casual gamers que les joueurs plus expérimentés. Si l'absence de jeux occidentaux nécessitant une technologie plus performante lui a apporté des critiques très négatives, elle est la console japonaise de cette génération, proposant une ludothèque très fournie à ceux qui s'intéressent encore à la culture nippone et ne se cantonnent pas aux publicités centrées sur les blockbusters et le casual gaming. La preuve, certains titres font l'unanimité, même auprès des joueurs les plus frileux qui ont une expérience limitée de la Wii : Muramasa, Madworld, Pandora's Tower ou encore Fragile Dreams font partie des jeux cités dès qu'on parle des bons titres de la Wii. Mais voilà encore une erreur de Nintendo : à vouloir éviter l'abus des DLC, ils sont passé à côté d'un moyen publicitaire maîtrisé par la concurrence : l'utilisation des démos qui auraient pu inciter les joueurs à essayer voire acheter des jeux beaucoup moins connus.
Bref, la Wii, c'est la console conviviale par excellence !
Mais ce n'est pas la seule chose qu'a réussi à apporter la Wii. Si son gameplay original n'a pas toujours été utilisé à la perfection, certains jeux ont quand même permis une expérience unique. Du club de golf à l'épée en passant par les armes à feu, les cannes à pêche, les volants, le point and click ou encore la vue à la première personne, on a eu droit à de nombreuses utilisations de la Wii Mote. Mais la Wii permettait aussi de jouer de manière plus traditionnelle, en utilisant le stick du nunchuck, la Wii mote façon manette NES ou encore le classic controller, offrant ainsi aux développeurs la possibilité de créer tous types de jeux.
Par ailleurs, un bon nombre de jeux ont vu le jour sur Wii, qui n'auraient pas pu être développés sur les consoles concurrentes. Car faire de la haute définition, ça coûte très cher, et on sait que tous les jeux ne se vendent pas à des millions d'exemplaires. C'est ainsi qu'on a vu des studios tels que Factor 5 mettre la clé sous la porte en se plantant sur un seul jeu, Lair, alors qu'ils avaient pourtant eu du succès avec leurs jeux Lucas Arts sur les générations précédentes. En plaçant les exigences graphiques moins haut, Nintendo a permis a pas mal de petits studios, principalement japonais, de sortir leurs jeux en boîte, privilégiant ainsi les idées, l'originalité et le gameplay au détriment des graphismes. Prenons l'exemple de Xenoblade, dont l'univers n'aurait pas pu être aussi vaste si on avait pu en voir le moindre brin d'herbe sur une console HD, ou à l'inverse, Eternal Sonata, ou Tri Crescendo, à qui on devait le génialissime Baten Kaitos, a sacrifié la durée de vie et la fin du scénario pour en faire un des plus beaux J-RPG existants ...
La Wii a eu droit à un bon nombre d'accessoires : les pad classiques, d'abord sans, puis avec cornes (les éditions collectors de Golden Eye et de Xenoblade Chronicles proposaient respectivement des pad classiques avec cornes noir et rouge), la balance board, vendue avec WiiFit, les volants, avec Mario Kart (un volant doré était disponible sur le club Nintendo), les Zapper, avec Link's crossbow training et Resident Evil Umbrella Chronicles, le Wii Speak, avec Animal Crossing, ou encore le WiiMotion plus, avec Red Steel, ensuite incorporé dans les Wiimotes deuxième génération, les pads Snes et N64, qu'on ne pouvait se procurer qu'en import ou sur le club Nintendo pour le pad snes.
Au final, si la Wii a déçu pas mal de gamers, elle a réussi malgré tout à satisfaire les casual gamers, mais aussi les fans de jeux indépendants et les nostalgiques qui attendaient plus d'originalité dans leurs jeux que de bling bling … Et bien sûr, les fans des studios Nintendo, avec d'excellents Mario, Zelda, Kirby, Donkey Kong, Wario, Metroid, Mario kart et Smash Bros, (malgré l'absence de Star Fox, F-Zéro, Pikmin et 1080°), qui retrouvaient leur repères, leur héros préférés dans de nouvelles aventures absolument géniales … Rappelons également que la Wii a bénéficié de beaucoup plus d'exclus que ses consœurs, par les studios qui n'avaient pas les moyens de sortir des jeux en HD …
Ainsi, nous avons pu avoir droit à des merveilles du jeu vidéo tels que Little King Story, Muramasa, ou encore Beat Trip ! Dans la deuxième partie de ce dossier, je vous parlerais d'ailleurs des jeux sortis sur Wii, autant les blockbusters que les jeux indé qui n'ont malheureusement pas eu le succès qu'ils méritaient ...