C'est Le poulpe qui va etre content....même a Libération il présnete le film...
Black Sheep de Jonathan King avec Nathan Meister, Peter Feeney…
Le mouton est à la
Nouvelle-Zélande ce que la patate est à la Belgique : un ingrédient
nutritionnel de base et une source inépuisable de plaisanterie.
Jonathan King a saisi cette question au collet pour une comédie un peu
paresseuse sur les bords, mais poilante à force de verser dans un
burlesque jusqu’au-boutiste.
Détournant le principe traumatique des Oiseaux
d’Hitchcock, le réalisateur a inventé une trame dans laquelle les
moutons deviendraient une sévère menace pour l’humanité. En tout cas,
pour la Nouvelle-Zélande, qui compte la bagatelle de treize fois plus
d’ovins que d’êtres humains. Sur le thème éculé de l’homme nuisible
pour la planète, le film met en scène un éleveur cupide, prêt à tous
les tripatouillages génétiques pour augmenter la masse musculaire des
bestioles et, du même coup, le volume de ses revenus. L’inévitable
accident industriel déclenche le chaos à l’écran et la grosse rigolade
dans la salle.
De survival classique, le film bascule alors dans un
gore flamboyant, dans les pas d’un héros pas bien courageux et affligé
d’une phobie des ovins plutôt handicapante compte tenu du contexte.
Flanqué d’une militante altermondialiste jolie mais maladroite et d’un
Maori perpétuellement hilare, il doit venir à bout d’une épidémie dont
les symptômes s’apparentent au mythe du loup-garou. Tout individu mordu
par un mouton contaminé deviendra à son tour, s’il survit à ses
blessures, une créature chimérique et bêlante, dotée d’un féroce
appétit de chair humaine. En dépit de quelques répétitions fatigantes
(le gag un peu trop récurrent du mouton qui pète), il y a une sincérité
rafraîchissante dans l’hommage rendu aux films de zombies de Romero,
aux Evil Dead de Sam Raimi et autres Bad Taste de Peter Jackson, réalisateur néo-zélandais de référence.
A ce propos, quelques clins d’œil appuyés rappellent
que nous sommes bien au pays du Seigneur des anneaux, par exemple
lorsque des hordes de moutons en furie dévalent une pente par milliers
pour attaquer une ferme, à la manière des monstres maléfiques de la
trilogie. Pour autant, le ressort comique le plus efficace reste la
manière dont King filme les moutons, prenant un plaisir communicatif à
suggérer une dangerosité vicelarde dans le regard désespérément vide
des broutards.
Pour le reste, la production n’a pas mégoté sur les
effets spéciaux. Les plus sophistiqués, grâce aux prouesses de Weta
Digital, la firme de Peter Jackson, comme les plus artisanaux, avec
usage intensif de latex pour représenter les moutons-garous
sanguinaires et déversement par camions citernes d’hémoglobine et
autres répugnantes viscosités. Dans un registre un peu plus subtil, on
pourra même discerner un réjouissant mauvais esprit dans le portrait
cruel des militants de la cause animale, post-babas exaltés et
grotesques, aussi nuls à défendre leur cause qu’à sauver leur peau.