DRAGON HEAD
Genre : Seinen, horreur, psychologique, catastrophe
Auteur : Minetarô Mochizuki
Editeur Japonais : Kodansha
Editeur Français : Pika Editions
Sortie initiale : 1995-2000
10 volumes, parus en France (série terminée)
Résumé :
La fin d’un voyage scolaire tourne au cauchemar pour le (les) héros de ce seinen psychologique tendance horreur : à bord du shinkansen qui les ramène se trouve Teru Aoki, personnage principal, qui entr’aperçoit avant d’entrer dans un tunnel une colonne de lumière… quelques instants plus tard, le train déraille au milieu du tunnel, et les trois seuls survivants, élèves de différentes classes, se retrouvent ensevelis dans le noir sans adultes sur lesquels se reposer, sans lumière (ou presque), dans une chaleur étouffante de source inconnue, au milieu des cadavres de leurs camarades et professeurs, à attendre des secours qui n’arrivent pas…
Critique :
Tout d’abord, ce n’est pas un manga à mettre entre toutes les mains. C’est violent, certes, mais c’est surtout la pression psychologique qui marque l’esprit dans ce seinen très réussi, aussi bien graphiquement que au niveau du scénario.
Sur ce plan, en effet, l’accent est mis sur les réactions des différents protagonistes/antagonistes confrontés à une situation tellement terrible qu’elle dépasse tout entendement. Et le lecteur ressent bien l’énormité de la catastrophe : on en vient à ne pas vouloir penser à l’avenir des personnages, à juste prêter attention à ce qui se passe, ce qui provoque une immersion quasi-complète et augmente la pression. La première partie du manga, dans le tunnel, rappelle par bien des aspects Sa Majesté des Mouches : des enfants bien élevés, tentant de « faire ce qu’il faut » dans ce tunnel, mais glissant peu à peu vers quelque chose de plus obscur, comme attirés par une terreur qui pousse à la folie, puis le drame final…
Et la deuxième partie du manga, la « renaissance » (sortir d’un tunnel c’est plutôt clair comme symbole)… et là le manga devient plus « aventure », ou « survival », et on découvre que l’accident de train… ce n’était pas si grave (mais chut…). Dans cette partie, le discours reste axé sur le thème de la peur, et de ce que l’humain peut faire pour tenter de l’oublier et survivre… la rencontre avec des adultes et le gain en maturité des héros rend le développement de ce thème plus verbeux… cela a pour effet de simplement moins laisser au lecteur le loisir de la réflexion sur l’interprétation des actions et des pensées de chacun, d’atténuer les non-dits, ce qui facilite l’immersion : puisque la situation n’est plus un huis clos, l’action est bien plus présente ; c’est d’ailleurs cette-dernière qui créé la tension, plus que les dialogues et les sous-entendus. Et quelle tension ! La première partie est passionnante en elle-même, mais elle permet aussi de donner toute sa puissance à la seconde, de par le fait qu’elle ne fasse pas que mettre en place les personnages, mais surtout parce qu’il s’agit d’une parfaite introduction au rythme et au genre adoptés par la seconde partie…
Au niveau dessin, rien à redire au niveau technique : il est maîtrisé, et les visages sont expressifs, bien distincts d’un personnage à l’autre… la peur et l’épuisement sont particulièrement bien rendus. Les décors, éléments qui ne payent souvent pas de mine en manga, sont vraiment bien faits, et aussi, bien utilisés. Pour une fois, ils aident vraiment au développement de la tension. Ils s’associent très bien au découpage, parfois basique (moins de cases rectangulaires auraient aidé à faire ressentir l’enfermement dans la première partie, par exemple), mais là encore très maîtrisé… on se croirait dans un thriller, et les gros plan, ou au contraire les plans larges ont parfois un effet bœuf.
Conclusion
Du très, très bon seinen. Si vous aimez les mangas aux airs de thrillers horrifiques et psychologiques (sans être aussi abusifs sur ce dernier aspect comme par exemple dans MPD Psycho, qui est très bien dans son style), eh bien, vous serez comblés. Mais alors vraiment. C’est. Trop. Trop. Bien .
Seul regret ? Les illustrations de couvertures sont super moches… dommage.
Voilà une partie de l'intro... (en anglais, mais il y a peu de texte)