[Fiche]Serge Gainsbourg

Véritable icône, monument de la culture française, Serge Gainsbourg a laissé dans la mémoire collective une trace indélébile. Le film de Joann Sfar, "GAINSBOURG (VIE HÉROÏQUE)", réinvente la vie de ce géant de la chanson et du showbiz à travers son parcours artistique et personnel, depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la fin des années 80. Il nous fait redécouvrir à sa manière un auteur-compositeur de génie avec ses vérités et ses mensonges, avec ses angoisses, ses provocations et cette véritable fascination qu'il éprouvait pour les femmes.



Serge Ginzburg, qui se prénomme encore Lucien, est né à Paris le 2 avril 1928. Il a deux sœurs : Liliane, sa jumelle, et Jacqueline, qui est leur aînée d'un an. Leurs parents, Joseph et Olia, ont quitté la Russie en 1919 pour Istanbul, avant de rejoindre la capitale française. Amateur de peinture, de musique et de littérature, Joseph Ginzburg est pianiste professionnel dans les bars et les boîtes de nuit à la mode où il joue du jazz. Il a aussi une solide formation classique dont il fera profiter son fils.
En 1945, après avoir été renvoyé du Lycée Condorcet, Lucien s'inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts pour assouvir sa grande passion : le dessin et la peinture. Il réalise plusieurs toiles qu'il signe Ginsbourg. Il les détruira très vite, se rendant compte du chemin qui lui reste à parcourir pour arriver ne serait-ce qu'à la cheville de ceux qu'il admire, Bonnard en particulier.



Lucien Ginzburg découvre le jazz à travers les compositions de George Gershwin. Pour gagner sa vie, il joue du piano dans les bars où son père a réussi à le faire engager, à Paris et sur la côte normande. En 1947, il rencontre Elisabeth Levitsky, une fille d'aristocrates russes, qu'il épousera quatre ans plus tard, le 3 novembre 1951. Lucien a choisi la chanson par dépit, parce qu'il doute de son talent de peintre. Il se met à écrire et à composer.
Le 26 août 1954, il dépose six premiers titres à la Sacem. Puis il laisse pour un temps l'écriture de côté pour se concentrer sur la composition. Pour les textes, il fait appel à des auteurs comme Louis Laibe, Paul Alt ou encore Serge Barthélemy avec qui il signe "Ronsard 58".

Pour Lucien Ginzburg, le véritable déclic s'opère en 1956, lorsqu'il découvre Boris Vian à la "Fontaine des Quatre Saisons". "Ce soir-là, a-t-il confié, j'en ai pris plein la face de pet. Il avait sur scène une présence maladive ; il était stressé, pernicieux, caustique. C'est en l'entendant que je me suis dit : je peux faire quelque chose dans cet art mineur".
Lucien Ginzburg divorce en octobre 1957. Il écrit sous le pseudonyme de Julien Grix pour la revue du cabaret de travestis "Chez Madame Arthur'". Il choisit alors son nom de scène définitif : Serge Gainsbourg. Gainsbourg en référence au peintre anglais Thomas Gainsborough, et Serge pour rappeler ses origines russes.
Sa rencontre avec Boris Vian l'a persuadé de se lancer dans le grand bain. Il arrête définitivement la peinture et il est engagé au "Milord l'Arsouille". Il devient d'abord l'accompagnateur de la chanteuse Michèle Arnaud, avant d'y présenter ses propres chansons. Il se produira par la suite aux Trois Baudets et dans d'autres cabarets de la Rive Gauche.



On aime ou on déteste Serge Gainsbourg, mais il ne laisse personne indifférent. Le personnage est curieux et dérangeant, gêné lorsqu'il est en présence du public, ce qui nourrit chez lui une certaine agressivité.
Il signe chez Philips, le label auquel il restera toujours fidèle et, en 1958, il enregistre un premier 33-tours 25 cm, "DU CHANT A LA UNE". On y trouve un de ses premiers classiques, "Le poinçonneur des Lilas". Au verso du disque, on peut lire un texte de Marcel Aymé qui dit notamment ceci : "Serge Gainsbourg est un pianiste de vingt-cinq ans qui est devenu compositeur de chansons, parolier et chanteur. Il chante l'alcool, les filles, l'adultère, les voitures qui vont vite, la pauvreté, les métiers tristes. Ses chansons, inspirées par l'expérience d'une jeunesse que la vie n'a pas favorisée, ont un accent de mélancolie, d'amertume, et souvent la dureté d'un constat."

Serge Gainsbourg a réalisé son premier album avec Alain Goraguer, l'arrangeur de Boris Vian. Mis à part ce dernier, qui prend sa défense dans un article resté célèbre du "Canard Enchaîné", les critiques sont dures. Cela ne l'empêchera pas de se voir décerner le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros en 1959. Apprécié par le métier, Serge est reconnu par les initiés comme un auteur novateur, mais son deuxième album, qui porte simplement le titre de "N°2", est un échec.
Complexé par son physique ingrat, il laisse à d'autres le soin de populariser ses chansons : Michèle Arnaud, les Frères Jacques, Juliette Gréco, mais aussi Pia Colombo, Philippe Clay et Jean-Claude Pascal. Toujours en 1959, Gainsbourg croise une première fois Brigitte Bardot sur le tournage du film de Michel Boisrond, "Voulez-vous danser avec moi ?" L'année suivante, il compose sa première musique de film pour "L'eau à la bouche" de Jacques Doniol-Valcroze.



En 1960, Serge Gainsbourg signe une seconde musique de film pour "Les loups dans la bergerie" d'Hervé Bromberger. L'année suivante, il publie son troisième album, "L'ÉTONNANT SERGE GAINSBOURG". Ce disque confirme l'intérêt marqué de Serge pour la littérature et la poésie, à travers des titres comme "Le rock de Nerval", "Le sonnet d'Arvers", "Chanson de Maglia" (sur un texte de Victor Hugo), et bien sûr "La chanson de Prévert". Ce titre est immédiatement repris par Juliette Gréco, par Mouloudji et par la Québécoise Pauline Julien. Pour son premier passage à l'Olympia, Serge Gainsbourg se produit en première partie de Jacques Brel.

Tout simplement intitulé "N°4", le quatrième album de Serge Gainsbourg paraît en 1962. Côté littérature, il reprend Baudelaire. Lorsqu'il utilise ainsi un poème, ce n'est pas gratuit : il bouscule les textes pour en éprouver la force, pour en souligner le contenu. Serge compose la musique du film "Strip-Tease" de Jacques Poitrenaud, puis il écrit pour Catherine Sauvage, Serge Reggiani, Petula Clark, Nana Mouskouri, Isabelle Aubret et Brigitte Bardot qui enregistre "L'appareil à sous". En 1963, il est à Londres pour réaliser le 45-tours qui contient "La javanaise", un autre titre incontournable de son œuvre. Serge a trouvé dans la capitale anglaise des studios modernes dont le son lui convient parfaitement. Il y travaillera régulièrement pendant une dizaine d'années.



En octobre 1963, Serge Gainsbourg se produit pour la première fois en vedette à l'Olympia. Il est accompagné par deux musiciens de jazz, le contrebassiste Michel Gaudry et le guitariste d'origine tzigane Elek Bacsik. On les retrouvera tous les deux sur l'album "GAINSBOURG CONFIDENTIEL", auquel ils donnent son ambiance cool jazz. C'est le cinquième album de Serge, le premier qui parait en format 30 cm, la nouvelle norme qui s'impose alors.

Le 7 janvier 64, Serge Gainsbourg épouse Françoise-Antoinette Pancrazzi, que tout le monde appelle Béatrice. Le 8 août, c'est la naissance de leur fille Natacha. C'est à cette époque que Serge écrit "N'écoute pas les idoles" et "Laisse tomber les filles" pour France Gall, "La gadoue" pour Petula Clark et "La cavaleuse" pour Mireille Darc.
Paru fin 64, l'album "GAINSBOURG PERCUSSIONS" s'inspire de la mode ambiante des rythmes afro-cubains. On y trouve deux titres marquants : "New York U.S.A.", construit à partir d'un traditionnel sud-africain, et surtout "Couleur café".
Au cinéma, Gainsbourg signe la bande originale du film de Michel Boisrond, "Comment trouvez-vous ma sœur ?"



Au début de l'année 1965, Barbara propose à Serge Gainsbourg de partager avec elle plusieurs concerts, mais devant les réactions hostiles du public, il doit très vite renoncer. Il ne remontera sur scène qu'en 1979.
En ce début des années 60, la chanson traditionnelle est malmenée par la vague yé-yé qui submerge tout. Caméléon, Serge Gainsbourg s'adapte et réussit parfaitement. Il écrit "Poupée de cire, poupée de son" pour France Gall, un titre couronné par le Grand Prix Eurovision de la Chanson en 1965. Du coup, il élargit et rajeunit son auditoire et sa popularité augmente d'autant.
On se bouscule auprès de Gainsbourg pour lui arracher une chanson. Il signe "La guérilla" pour Valérie Lagrange, "Bubble gum" pour Brigitte Bardot, "Les p'tits papiers" pour Régine et "Les papillons noirs", un titre qui lui permet de retrouver Michèle Arnaud auprès de qui il avait débuté.

Toujours très présent au cinéma, Serge Gainsbourg compose coup sur coup trois bandes originales de films : "Le jardinier d'Argenteuil" de Jean-Paul Le Chanois, "L'espion" de Raoul Lévy et "Carré de dames" de Jacques Poitrenaud.
Divorcé de Béatrice, Serge s'installe en février 66 à la Cité Internationale des Arts où résident des artistes venus du monde entier. Bien qu'il soit déjà une vedette, il vivra dans cette petite chambre d'étudiant pendant deux ans. Espiègle, il propose deux chansons à une France Gall jeune et naïve : "Baby pop" et surtout "Les sucettes", un titre mystificateur qui prendra des allures de petite bombe à retardement, à cause de son texte joyeusement équivoque. Serge enregistrera sa propre version de cette chanson en 1969.

En janvier 67, à la demande du réalisateur Pierre Koralnik, Serge Gainsbourg écrit pour la télévision la comédie musicale "ANNA". Ce sera une des premières émissions diffusées en couleurs. "Anna" met en vedette Jean-Claude Brialy et surtout l'actrice d'origine danoise Anna Karina qui interprète "Sous le soleil exactement".
Au cours de l'été 67, Serge Gainsbourg tourne aux côtés de Michel Simon dans le film de Jacques Poitrenaud "Ce sacré grand-père". Il signe la musique du feuilleton télévisé "Vidocq", et une chanson pour Claude François, "Hip hip hip hourrah". Plus étonnant, il compose "Le sable et le soldat", une chanson de marche restée inédite qu'il offre à Israël à l'époque de la Guerre des Six Jours.



Serge Gainsbourg retrouve alors Brigitte Bardot avec qui il entretiendra une liaison qui va durer quelques mois. L'actrice, qui est au sommet de sa notoriété, prépare un show télévisé pour le 1er janvier 1968. Serge lui écrit les chansons dont elle a besoin pour l'occasion, entre autres "Harley Davidson", "Comic strip", et un titre qu'il interprète en duo avec elle : "Bonnie and Clyde". Deux albums naîtront de cette collaboration Brigitte Bardot - Serge Gainsbourg : "BONNIE AND CLYDE", puis "INITIALS B.B.".
Toujours en 1968, dans le film de Georges Lautner "Le Pacha", on peut voir Jean Gabin traverser un studio où Serge est en train d'enregistrer "Requiem pour un con". Le 13 avril 68, c'est la naissance de Paul, le fils de Serge et de Béatrice qui avaient renoué brièvement l'année précédente.



Dans le même temps, Serge Gainsbourg a écrit et enregistré avec Bardot "Je t'aime ... moi non plus". Mais par peur du scandale, la star, qui vient d'épouser le milliardaire allemand Gunther Sachs, lui demande de ne pas sortir le disque, ce qu'il accepte sans problème. Cette version restera inédite jusqu'en 1986.
Sur le tournage du film "Slogan" de Pierre Grimblat, Serge rencontre alors celle qui va transformer sa vie professionnelle et privée, l'actrice anglaise Jane Birkin. En novembre 68, Jane enregistre quatre titres de Gainsbourg : "L'anamour", "69 année érotique", "Jane B." et surtout une nouvelle version de "Je t'aime ... moi non plus", le titre par lequel le scandale va arriver, un peu partout dans le monde.

De nombreux pays interdisent "Je t'aime ... moi non plus", si bien que ce titre est remplacé par "La chanson de Slogan" sur certaines versions du premier album qui réunit "JANE BIRKIN ET SERGE GAINSBOURG".
Le couple s'installe alors dans l'hôtel particulier que Serge vient d'acheter dans le 6ème arrondissement de Paris, rue de Verneuil. Au printemps 69, ils sont au Népal pour le tournage du film d'André Cayatte, "Les chemins de Katmandou", dont Serge compose la musique. Son travail pour d'autres artistes féminines se ralentit ; il préfère se consacrer à Jane. Elle a stabilisé sa vie personnelle ; il la suit sur ses différents tournages.



Depuis un peu plus de deux ans, Serge Gainsbourg partage la vie de Jane Birkin. Elle est devenue sa nouvelle muse. En mars 1971, Jane est le personnage central du concept-album "HISTOIRE DE MELODY NELSON". C'est un projet ambitieux qui commence par un fait divers : un homme d'âge mûr conduisant une Rolls-Royce renverse une adolescente à bicyclette. C'est un disque court, qui dure tout juste 28 minutes, et qui a été réalisé avec la collaboration du compositeur et arrangeur Jean-Claude Vannier. Beaucoup le considèrent comme l'œuvre la plus aboutie de Gainsbourg. En tout cas, sa modernité ne s'est jamais démentie et pour de nombreux musiciens, ce disque reste une référence. C'est un succès public énorme et la critique n'hésite pas à parler de chef-d'œuvre.
Joseph Ginzburg meurt le 22 avril 71. Il aura toujours été très attentif à la carrière de son fils à laquelle il accordait une grande importance. Trois mois plus tard à Londres, c'est la naissance de Charlotte, la fille de Jane et de Serge.



Fin 71, Serge Gainsbourg écrit la nouvelle revue de Zizi Jeanmaire au Casino de Paris, avant de publier un nouveau titre qui fait scandale et auquel on reproche son mauvais goût : "La décadanse". En 1972, il collabore une première fois avec Jacques Dutronc pour qui il écrit "Elle est si". Jane Birkin vient d'enregistrer son album "Di Doo Dah" lorsque, en mai 73, Serge est victime d'une crise cardiaque.
Cela ne l'empêche pas de terminer son propre album, "VU DE L'EXTÉRIEUR", qui paraît à la fin de l'année. Serge Gainsbourg continue de sortir des disques, mais à part "Melody Nelson", il ne vend pas beaucoup. Il reste malgré tout une référence dans la chanson française.

En 1975, Serge Gainsbourg déclenche un nouveau scandale avec l'album "ROCK AROUND THE BUNKER", où il évoque la période nazie d'une façon toute particulière. Largement ignoré par les radios, le disque est défendu par un noyau d'irréductibles. L'attitude de Gainsbourg lui vaut d'être populaire auprès des jeunes qui vont se reconnaître dans ce personnage qui n'hésite pas à défier les convenances.
Après la sortie de "Lolita go home" de Jane Birkin, Serge commence le tournage de son premier film en tant que réalisateur, "Je t'aime, moi non plus", avec Jane et l'acteur américain Joe Dalessandro. A sa sortie, en mai 76, il est éreinté par la critique, à part quelques exceptions qui évoquent à son propos le cinéma "underground" américain et qui applaudissent la performance de Jane. Aujourd'hui, ce film est presque devenu un classique. Serge commence aussi à réaliser des spots publicitaires, d'abord pour Woolitte avec Marlène Jobert, Brigitte Fossey et Jane Birkin, bien sûr.

Avec "L'HOMME À TÊTE DE CHOU", en 1976, Serge Gainsbourg innove. En effet, il utilise un rythme encore peu répandu en Europe, le reggae, notamment sur le titre "Marylou reggae". En 1977, il signe la musique des films "Madame Claude" et "Goodbye Emmanuelle". Puis il réalise l'album "Rock 'n' Rose" d'Alain Chamfort.
L'année suivante, il compose la musique du film de Patrice Leconte, "Les bronzés", dont un extrait, "Sea, sex and sun", s'impose comme un des tubes de l'été. Jane Birkin, quant à elle, vient de terminer son album "Ex-fan des Sixties".

Serge Gainsbourg, qui a envie d'enregistrer tout un album de reggae, s'envole pour la Jamaïque. A Kingston, il engage les choristes de Bob Marley, ainsi que la section rythmique réputée la plus chère du monde, c'est-à-dire le batteur Sly Dunbar et le bassiste Robbie Shakespeare. En moins d'une semaine, il met en boîte "AUX ARMES, ET CAETERA", qui paraît en août 79 et fait exploser ses ventes à la hauteur de trois cent mille exemplaires en quelques mois.
On y trouve un remake reggae de "La javanaise", ainsi que "Aux armes, et caetera", une version de "La Marseillaise" que certains patriotes et militaires trouveront choquante. Malgré tout, c'est un tube omniprésent sur les ondes.



Serge Gainsbourg, qui n'est pas remonté sur scène depuis quatorze ans, donne une série de dix concerts au Palace à Paris, avec le groupe Bijou pour lequel il vient d'écrire plusieurs titres. Il enchaîne avec une tournée triomphale, ponctuée toutefois d'épisodes quelque peu agités à cause de sa "Marseillaise" reggae. Pris à partie par des parachutistes à Strasbourg, il leur prouve qu'il peut aussi chanter l'hymne français d'une façon plus traditionnelle, avant de quitter la scène. Il est sincèrement blessé par ces attaques, car il n'avait pas cherché à choquer.
Au printemps 80, il publie un premier roman, "Evguénie Sokolov", avant d'encaisser un sérieux coup dur : en avril 1980, Jane Birkin le quitte. Entre désespoir et alcool, Gainsbarre va prendre le pas sur Gainsbourg. Il entretient dès lors l'image du fumeur mal rasé, buveur et provocateur.

Le double album "ENREGISTREMENT PUBLIC AU THEATRE LE PALACE" paraît en 1980. Serge Gainsbourg travaille toujours beaucoup pour les autres : il écrit "Bévinda" et "Mangos" pour Julien Clerc, ainsi que l'album "Guerre et Pets" pour Jacques Dutronc. Il enchaine avec la musique du film de Claude Berri "Je vous aime" où il joue aux côtés de Catherine Deneuve. Il écrit pour elle le duo "Dieu fumeur de havanes", avant de lui donner l'année suivante un album entier : "Souviens-toi de m'oublier". Puis il termine "Play-Blessures" pour Alain Bashung, qui est un de ses plus fervents admirateurs.
A Nassau, aux Bahamas, il enregistre ensuite un second album reggae qui paraît en 1981 : "MAUVAISES NOUVELLES DES ÉTOILES". C'est à ce moment qu'il rencontre Bambou, une jeune eurasienne de vingt et un ans qui devient sa compagne. En décembre 81, dans une vente aux enchères, il achète le manuscrit original du "Chant de Guerre de l'Armée du Rhin" (qui est le véritable titre de "La Marseillaise"). L'année suivante, dans la jungle tropicale du Gabon, il réalise "Equateur" avec Francis Huster, un film qui connaîtra une présentation houleuse à Cannes en mai 83.




En 1983, Serge Gainsbourg connaît deux beaux succès avec "Baby alone in Babylone" de Jane Birkin, et avec l'album qu'il a produit pour Isabelle Adjani. Il continue aussi de réaliser de nombreuses publicités : par exemple pour la Renault 9, Gini, Lee Cooper et Maggi. En avril 84, il part pour New York mettre en boîte "LOVE ON THE BEAT", un album essentiellement funk où l'on remarque également le duo qu'il a enregistré avec sa fille Charlotte : "Lemon incest".
Olia, sa maman, meurt le 16 mars 85. En septembre, Serge est sur la scène du Casino de Paris, avec ses musiciens américains. Il est au sommet de sa notoriété et ses provocations n'y sont certes pas étrangères. Deux d'entre elles sont mémorables : invité à "7 sur 7" en mars 84, il brûle un billet de cinq cents francs de l'époque devant les caméras ; quelque temps plus tard, il signera en direct un chèque d'une valeur de quinze mille euros pour Médecins Sans Frontières.

Lucien, le fils de Serge Gainsbourg et de Bambou, naît le 5 janvier 86. Serge signe la musique du film de Bertrand Blier, "Tenue de soirée", puis un album pour sa fille, "Charlotte, forever". L'année suivante, il réalise "Lost Song" pour Jane Birkin, avant de publier un nouvel album : "YOU'RE UNDER ARREST". De nouveau, il est allé enregistrer à New York avec les mêmes musiciens américains réunis autour du guitariste Billy Rush. Serge entretient son goût de la provocation en proposant une version masculine du succès d'Edith Piaf ; "Mon légionnaire".



En mars 1988, Serge Gainsbourg est à l'affiche du Zénith à Paris pour sept soirées. On peut en retrouver l'ambiance sur l'album "LE ZÉNITH DE GAINSBOURG". Serge a soixante ans. Il est fatigué par les excès et par plusieurs alertes cardiaques. L'album de Bambou, "Made in China", est un échec. Le 14 avril 89, Gainsbourg est opéré du foie et il arrête l'alcool à la requête expresse des médecins qui soulignent la gravité de son état.
L'intégrale de son œuvre en neuf CDs, "DE GAINSBOURG A GAINSBARRE", paraît en septembre 89. Il termine à ce moment son quatrième film, "Stan the flasher", qui sera plutôt bien accueilli à sa sortie, en mars 90.

En 1990, Serge Gainsbourg écrit l'album "Variations sur le même t'aime" pour Vanessa Paradis, puis une nouvelle chanson pour l'Eurovision, "White & black blues" pour la guadeloupéenne Joëlle Ursull. Il réalise aussi "Amours des feintes", le nouvel album de Jane Birkin dont il a également dessiné la pochette. A cette époque, il pense sérieusement à se remettre à la peinture. Il sort peu de son domicile de la rue de Verneuil dont le mur d'enceinte est recouvert d'innombrables graffitis qui sont autant d'hommages de ses admirateurs.
Le 2 mars 1991, un mois avant son soixante-troisième anniversaire, Serge Gainsbourg est terrassé par une ultime crise cardiaque. Une foule immense se presse à ses obsèques qui ont lieu au cimetière de Montparnasse. Au cours de la cérémonie, Catherine Deneuve lit le texte de "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", une chanson que Serge avait écrite pour Jane Birkin en 1983.



Serge Gainsbourg s'est installé définitivement dans une légende où il était déjà largement entré de son vivant. En 1996, il reçoit à titre posthume le César de la meilleure musique pour "Elisa", le film de Jean Becker.
On a beaucoup écrit sur le chanteur. Dans ce domaine, le "GAINSBOURG" de Gilles Verlant, dont l'édition définitive est parue en 2003 chez Albin Michel, reste une référence.
Depuis sa disparition, toute l'œuvre de Serge a été régulièrement et abondamment rééditée. L'intégrale est regroupée dans un coffret de dix-huit CDs intitulé "GAINSBOURG … FOREVER". Il avait été publié une première fois en 2001 à l'occasion du dixième anniversaire de la mort du chanteur. Tout récemment, les 45-tours originaux de Serge Gainsbourg ont été réédités en CDs en deux coffrets : le premier couvre la période 1958-1962, le second est consacré aux années 1963-1968. Tous ces disques témoignent d'un univers très riche et d'influences musicales très variées, car Gainsbourg n'hésitait pas à métisser ses compositions : on y trouve à la fois du classique, du jazz, du reggae, du rap et du rock progressif.

Le 7 mars 2003, une première rue Serge Gainsbourg est inaugurée à Clermont-Ferrand, en présence de Jane Birkin. D'autres ont vu le jour depuis, notamment à Toulouse.
Depuis le 20 janvier dernier, Gainsbourg revit sur les écrans de cinéma grâce au scénariste et dessinateur de BD Joann Sfar. Dans "Gainsbourg (Vie Héroïque)", il raconte une histoire qui commence pendant la Seconde Guerre mondiale et qui se termine dans les années 80. C'est un film très documenté, une fable qui contient autant de vérités que d'inventions. Plus qu'un biopic, c'est un film sur l'univers de Gainsbourg, vu notamment à travers ses relations tumultueuses avec les femmes.
Dans le rôle de Serge Gainsbourg, Eric Elmosnino réussit une performance d'acteur étonnante. A ses côtés, deux actrices réalisent des compositions remarquables : Laetitia Casta, qui incarne Brigitte Bardot, et la regrettée Lucy Gordon dans le rôle de Jane Birkin.



DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE :

- "DU CHANT À LA UNE" (album – 1958)
- "N°2" (album – 1959)
- "L'ÉTONNANT SERGE GAINSBOURG" (album – 1961)
- "N°4" (album – 1962)
- "THÉÂTRE DES CAPUCINES, 1963" (live album – 1963)
- "GAINSBOURG CONFIDENTIEL" (album – 1964)
- "GAINSBOURG PERCUSSIONS" (album – 1964)
- "ANNA" (BO comédie musicale – 1967)
- "BONNIE AND CLYDE" (avec Brigitte Bardot, album – 1968)
- "INITIALS B.B." (avec Brigitte Bardot, album – 1968)
- "JANE BIRKIN & SERGE GAINSBOURG" (album – 1969)
- "CANNABIS" (BOF – 1970)
- "HISTOIRE DE MELODY NELSON" (album – 1971)
- "VU DE L'EXTÉRIEUR" (album – 1973)
- "ROCK AROUND THE BUNKER" (album – 1975)
- "JE T'AIME, MOI NON PLUS" (BOF – 1976)
- "L'HOMME À TÊTE DE CHOU" (album – 1976)
- "MADAME CLAUDE" (BOF – 1977)
- "AUX ARMES, ET CAETERA" (album – 1979)
- "ENREGISTREMENT PUBLIC AU THÉÂTRE LE PALACE" (live album – 1980)
- "JE VOUS AIME" (BOF – 1980)
- "MAUVAISES NOUVELLES DES ÉTOILES" (album – 1981)
- "LOVE ON THE BEAT" (album – 1984)
- "LIVE" (live album – 1986)
- "TENUE DE SOIRÉE" (BOF – 1986)
- "YOU'RE UNDER ARREST" (album – 1987)
- "LE ZÉNITH DE GAINSBOURG" (live album – 1989)
- "DE GAINSBOURG À GAINSBARRE" (coffret – 1989)
- "STAN THE FLASHER" (BOF – 1990)
- "DU JAZZ DANS LE RAVIN" (compilation – 1997)
- "CLASSÉ X : LES 20 CHANSONS LES PLUS "SEXE" DE GAINSBOURG" (compilation – 1998)
- "GAINSBOURG ... FOREVER" (coffret – 2001)
- "I LOVE SERGE (ELECTRONICAGAINSBOURG)" (compilation – 2001)
- "LE CINÉMA DE SERGE GAINSBOURG : MUSIQUES DE FILMS 1959 – 1990" (coffret – 2002)
- "GAINSBOURG … ET CAETERA – ENREGISTREMENT PUBLIC AU THÉÂTRE LE PALACE" (live album – 2006)
- "GAINSBOURG … CASINO DE PARIS" (DVD – 2006)
- "LES 100 PLUS BELLES CHANSONS" (coffret – 2006)
- "D'AUTRES NOUVELLES DES ÉTOILES" (DVD – 2006)
- "GOLD" (compilation – 2007)
- "LIVE" (live album – 2008)
- "MISTER MELODY : LES INTERPRÈTES DE SERGE GAINSBOURG" (coffret – 2008)
- "GAINSBOURG, VOLUME 1, 1958-1962" (coffret – 2009)
- "GAINSBOURG, VOLUME 2, 1963-1968" (coffret – 2010)
- "GAINSBOURG (VIE HEROÏQUE)" (BO – 2010)

Merci à G.L. et Wiki.

Un des plus grand artiste qui soit, un poète hors normes c'est certainement le personnage musical que je regrette le plus avec Kurt Cobain

Wahou le pavé ! good job !

Moi j'adore particulièrement Rock around the bunker et ses premières chansons plus jazzy. J'aime bien Melody Nelson aussi ^^ Mais j'aime pas tout c'est sur.

(63 ans vu ce qu'il buvait et fumait c'est pas mal du tout ! )

Il doit manquer quelques petites informations sur ce dossier. A noter aussi, que Serge Gainsbourg s'était pris "la tête" avec les Rita Mitsouko (Catherien Ringer) dans une émission diffussée sur Canal +
Autre anedocte, lorsque la compilation de Gainsbourg à Gainsbarre est sorti, il avait annoncé un "véritable coup d'éclat".

http://www.wat.tv/video/pub-ticket-choc-gainsbourg-28yt7_2ey7h_.html

Même si je ne suis pas fan de Gainsbourg, j'apprécie ce qu'il a fait, avec quelques titres que j'aime beaucoup, bonne fiche très complète.

quel travail,à faire palir certains biographes^^.Merci pour cette fiche qui rend hommage à l'artiste français le plus important de sa génération..

aahh merveilleux travail, cher @Mortback, comme toujours mais j'en prend une claque car mes fiches zic sont loin d'être aussi bien... Allier bio et critique c'est vraiment bien !

J'adore Gainsbourg, je l'ai découvert par mon père qui aime beaucoup cet artiste et j'ai grandi en l'entendant. J'aime particulièrement l'album "Love on the Beat", provocateur à souhait et avec des rythmes qui clashent !
J'avais en direct dans l'émission le coup du billet de 500 balles qui brûle et l'eng.ueu.lade avec la chateuse de Rita Mitsouko, sacré bonhomme, toujours à vouloir provoquer, sans aucune retenue, presque sans remords mais qui sait ?

Ma grand-mère disait de lui qu'il était détestable et vulgaire et moi je l'adorais encore plus !

Pour ce qui est du film, le biopic, remarquable jeu d'acteurs mais scénario décevant pour moi qui s'attache trop à ses amours et pas assez à ses créations... Mais cela donnerait sans doute un film fleuve....

Un artiste, un vrai, prêt à tout, défendant son art jusqu'au bout sans jamais aucun compromis à la mode, aux médias et au politiquement correct !!

Quelque chose qu'il partageait avec un certain Léo Ferré non ?

Anabel185 a écrit:aahh merveilleux travail, cher @Mortback, comme toujours mais j'en prend une claque car mes fiches zic sont loin d'être aussi bien... Allier bio et critique c'est vraiment bien !

J'adore Gainsbourg, je l'ai découvert par mon père qui aime beaucoup cet artiste et j'ai grandi en ...............Quelque chose qu'il partageait avec un certain Léo Ferré non ?

Vous avez un style propre pour réaliser vos fiches. Je suis plus doué sur mes Oldies test, rarement sur les fiches Musique.

Mouais mais quand même... ça m'inspire... J'ai d'ailleurs plusieurs autres artistes en tête, je vais y bosser dur !

Anabel185 a écrit:Mouais mais quand même... ça m'inspire... J'ai d'ailleurs plusieurs autres artistes en tête, je vais y bosser dur !

Vous avez mangé du Lion en parlant de Tina Turner, c'était pas évident d'aborder la Mamie du Rock, car on retient plus sa collaboration houleuse avec Ike Turner son ex-mari.

Sans doute l'un des dignes héritiers de Serge Gainsbourg pourrait s'apparenter à notre regreté Alain Bashung (fiche toujours en vue). Le film rendant hommage à Serge était un pari osé, et je compte bien l'offrir sans doute à des amis de la vallée.

C'est l'anniversaire de Gainsbourg en ce moment, y a tout plein d'émissions et de reportages sur lui...

Oui, il y a eu une émission sur la radio France Bleu avec Yves Lecoq, imitateur des guignols qui raconte la vie du beau Serge.

Il me semble même qu'ils ont "retrouvé" des pistes de chansons qu'il aurait enregistré il me semble en Allemagne, et qu'ils veulent les sortir sur un album pour "fêter" les 20 ans de sa mort. Je vais tenter de retrouver cet article sur le net!