La guerre de Sécession inspire bien souvent l’imagination, qu’elle soit américaine ou internationale, tant il est vrai que ce conflit fut long, désastreux et particulièrement odieux sans omettre qu’il a donné naissance non seulement aux Etats-Unis tels que nous les connaissons aujourd’hui mais a mis en lumière le nom légendaire de Abraham Lincoln, premier président républicain américain.
Les américains l’appellent « The Civil War ». La guerre de Sécession a ravagé les états du sud et du nord entre 1861 et 1865.
Pourquoi ?
L’opposition entre le Nord et le Sud date des origines du pays lorsque les colons anglais furent mis à la porte au terme de la guerre d’indépendance. Les Etats-Unis se sont alors constitués en une nation fragile tant sa constitution ne répondait pas aux exigences de la gouvernance d’un si vaste territoire.
Les Etats du Nord et du Sud étaient alors très différents, leur population aussi et leurs moyens de développement également, ce qui creusa un écart grandissant et une mentalité opposante.
Pour résumer :
Nord = colons majoritairement anglo-saxons (Angleterre, Irlande) et quelques européens de modeste condition.
Développement économique tient surtout à l’industrialisation, à la fabrication de produits finis destinés au marché intérieur..
Sud = colons majoritairement issu de la colonisation française et européenne aisée, souvent bourgeoise.
Développement par exploitation agricole et donc l’exportation de matières premières vers l’Europe.
La constitution née avec l'Indépendance ne pouvait imposer des taxes, impôts nationaux ou contrôler le commerce entre les Etats. Les prix étaient donc libres…
Les Etats-Unis étaient une alliance, tout au plus, des 13 états fondateurs, mise en place à la va vite pour combattre les anglais lors de la guerre d’indépendance. Mais cette dernière s'est terminée en 1783 et déjà en 1784 une querelle éclatait entre la Virginie et le Maryland. Constatation fut faite et une convention fut réunie pour palier au problème, ce qu’elle fit brillamment en écrivant la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, qui est encore leur référence ultime de nos jours ( et oui le droit d’être armé pour protéger sa vie et sa maison vient de cette époque ! ).
Mais les choses se corsèrent car il fallait que cette nouvelle constitution soit ratifiée par la majorité des Etats membres. Ce qui se résumait à 9 états qu’il fallait encore convaincre !
Closes posant problèmes :
_ Abolition de l’esclavage
_ Tout citoyen américain a les mêmes droits que son voisin
Ces deux dernières furent dans un premier temps abandonnées suite aux réticences du Sud. Mais elles ne furent pas les seules : les relations entre les Etats et le gouvernement fédéral allaient être changées et les rapports de force en premier lieu. En clair, on passait d’une union d’Etats à un Etat d’union ce qui rendait moindre l’indépendance de chaque Etat, de toutes ses activités, de ses lois, de son fonctionnement et le partage de ses richesses sous la forme d’un impôt national obligatoire.
On ajouta au problème des amendements réformistes conditionnant les droits de l’être humain et des considérations économiques majeures en oubliant que chaque Etat n’était pas égal en terme de prospérité !
Résultat : dans un premier temps, la Constitution qui fut présentée et signée était tellement dépouillée de ses principaux arguments qu’elle en est devenue terriblement impopulaire bien que ratifiée.
Je rappelle ici que les Etats du sud n’étaient pas uniquement favorables à l’esclavagisme pour des raisons racistes mais surtout économiques (main d’œuvre malléable à merci et diablement bon marché), sans oublier que leur mentalité issue d’une population d’immigrants fortunés était traditionnellement indépendantiste et réticente à la main mise d’un gouvernement fédéral.
A ce moment de l’histoire, le choix de garder intacte l’Union des Etats membres enterra l’abolition de l’esclavage. Mais plus pour longtemps…
Les Etats du Nord abolirent de leur côté l’esclavage. Ils ne perdirent pas au change puisque l’immigration aidant, la main d’œuvre bon marché affluait et se montrait mobile puisque le rêve demeurait les grands espaces de l’Ouest !
Le Nord était protectionniste (il protégeait et favorisait ses producteurs et artisans face à la concurrence extérieure venue du Sud et/ou du marché extérieur au continent) et soutenait une politique de marché tournée vers l’intérieur. Il récompensait en outre ses citoyens de leur labeur par une égalité sociale, politique et économique à savoir que le rêve américain se développait dans les communautés du Nord. Chacun avait sa chance de prospérer pour peu qu’il s’en donne la peine.
Les Etats du Sud étaient pour leur part tournés vers le marché extérieur et le libre-échange avec l’Europe (exportation massive de matière première surtout le coton et le textile, fruit du travail des plantations et donc de l’esclavagisme). Leurs traditions étant européennes, elles étaient ancrées dans une mentalité de classes sociales bien distinctes et impénétrables pour qui n’y était pas né. Les propriétaires des plantations n’étaient pas tous des tortionnaires mais il est avéré que certains maltraitaient les esclaves. Les Sudistes éraient des ruraux avant tout.
Les choses commencèrent à chauffer avec la mise en place de droits de douane pour les produits visant l’exportation ou l’importation…
Abraham Lincoln
En novembre 1860, Abraham Lincoln fut élu seizième président des Etats-Unis avec une faible marge. Les Etats du Sud qui avaient promis une sécession de l’Union des Etats en cas de victoire de Lincoln, bien trop réformiste à leurs yeux, accueillirent ce résultat comme une déclaration de guerre de la part des électeurs du Nord et entamèrent donc cette sécession pour former les Etats Confédérés d’Amérique (rose), se détachant allègrement des autres Etats de l’Union (bleu).
Les Etats Confédérés d’Amérique (et renégats) étaient donc les suivants : Caroline du sud, Caroline du nord, Mississipi, Floride, Alabama, Géorgie, Louisiane, Texas, Virginie, Arkansas, Tennessee.
Ils fomentèrent même un complot visant à assassiner Lincoln, annoncé par lettres de menaces. Le 23 février 1861, le complot fut déjoué et Lincoln officiellement investi à son poste de président.
Le Nord augmenta les droits de douane pour protéger son industrie toute neuve : l’esclavagisme du sud ne les désigna pas comme des acheteurs de la mécanisation du travail et ses machines.
Ce qui décida du commencement et surtout de la tournure de cette guerre fut le camp choisit les nouveaux Etats de l’Ouest ! Le Sud souhaitait y promouvoir et étendre la pratique de l’esclavage tandis que le Nord s’efforçait de stopper toute propagation de cette pratique.
DANS L'EST :
Les hostilités débutèrent dans cette incertitude avec l’attaque du Fort Sumter de Charleston, en Caroline du nord : ce point fortifié était resté fidèle au gouvernement fédéral.
L’US Army comptait 16 367 hommes en 1860 mais, sentant le vent tourner, l’Union avait commencé à mobiliser de nouvelles recrues. A cette époque, la conscription ou service militaire pour les hommes (né avec la Révolution française) n’était pas encore obligatoire. Néanmoins, la situation exigeait un recrutement d’autant que certains gradés choisirent le camp de la Confédération sudiste. Ce qui explique qu’elle ait dominé le conflit dans ses débuts, certains commandants tels que Robert E. Lee étant de brillants stratèges sans rivaux face à eux.
Robert E. Lee
Les généraux nordistes usèrent à merci de leur seul atout : la supériorité numérique et matérielle, lançant des assauts massifs aux conséquences sanglantes, perdant nombre de vies alors que les tactiques sudistes épargnaient les massacres de son camp. De plus, les bourgeois sudistes étaient dotés d’une bonne cavalerie et d’une infanterie tenace née au Texas avec la guerre d’indépendance.
Mais en été 1863, la roue tourna.
Robert E. Lee tenta un coup de maître en envoyant ses troupes dans le nord jusqu’en Pennsylvanie où elles se heurtèrent de plein fouet à l’armée de l’Union : ce fut la bataille de Gettysburg, légendaire car l’une des plus importante et peut-être la plus importante bataille jamais livrée sur le sol américain.
En bleu les nordistes, en gris les sudistes...
Trois jours de combats sans issue et les Confédérés furent vaincus tandis que le général nordiste Ulysses S. Grant empruntait le fleuve Mississipi pour prendre la ville de Vicksburg.
Ulysses Grant
L’Union porta un rude coup à la Confédération en prenant le contrôle de la vallée du Mississipi, scindant en deux les forces ennemies.
Pour autant, la guerre perdura encore deux ans, les généraux Lee et Grant s’affrontant sur différents champs de bataille. Le général William T. Sherman, pourtant critiqué pour son extrême sévérité, sa politique de la terre brûlée et de guerre totale fut un grand atout pour l’Union nordiste.
William Sherman
Il succéda à Grant en 1864 à la tête de l’armée, ce dernier se lançant en politique (il sera élu président après le second mandat inachevé de Lincoln qui sera assassiné). Peu à peu, l’Union nordiste envahit et occupa les états du sud et la Confédération capitula le 9 avril 1865 après la bataille d’Appomattox.
Notons que le sud était par ailleurs appauvri en ressources alimentaires et matérielles puisque les états du nord avaient convaincu l’Europe de se tourner vers un autre marché pour le tissu (l’Inde) et faisait blocus sur le commerce avec le Mexique. Le moindre produit manufacturé coûtait alors une fortune aux sudistes (une solde de soldat était de 18 dollars et une brosse à dents en coûtait 8 quand une livre de café moulu en coûtait le double !). Les témoignages rapportent que les soldats du sud avaient des uniformes en lambeaux et pas de chaussures, ce qui les obligeait à voler les cadavres nordistes. La majorité de ces soldats du sud étaient des agriculteurs pauvres qui n’avaient pas les moyens de se payer un fusil ! Les riches étaient des gradés qui bénéficiaient d’avantages certains.
DANS L'OUEST :
Comme je l’ai dit, les nouveaux états de l’Ouest étaient un enjeu crucial pour les deux camps.
La guerre y fut très différente des évènements de l’est.
Pourquoi ?
Les espaces impliqués étaient bien plus vastes, les blancs, les noirs (souvent des évadés de plantations), les indiens s’en sont mêlés, les rivalités anciennes toujours tenaces aidant. La plus brutale sauvagerie remplaça les fines stratégies de l'est sur le terrain, de sorte que même la reddition du Sud officialisée, les hostilités perdurèrent des mois durant…
Quand je cite des rancunes tenaces, je ne parle pas seulement de l’extermination des Indiens mais aussi des luttes qui avaient mis à feu et à sang le Kansas en 1850 (simple affrontement de territoire pour tracer des frontières) attisant la sympathie sudiste du Missouri par exemple. Ce dernier fut d’ailleurs envahit dès1861 par les Confédérés. Assez vite les nordistes reprirent du terrain, Le Missouri et l’Arkansas tombant sous leur domination mais endurant des raids meurtriers et réguliers durant deux ans.
Ce fut la porte ouverte aux exactions et à la guérilla avec en tête des noms tristement célèbres tels que William Quantrill (responsable de la plus sanglante unité de combat de la guerre de Sécession et du massacre de Lawrence au Kansas)
William Quantrill (qui n'a l'air de rien comme ça non? )
et ses subordonnées, tous des voyous, anciens fermiers devenus des tueurs psychopathes : William « Bloody Bill » Anderson (un vrai boucher qui scalpait ses proies et les affichait sur sa selle) ou encore le futur grand bandit Jesse James.
William "bloody Bill" Anderson
Pour la petite histoire, le nordiste Thomas Ewing, commandant en chef de l’Union au Kansas, aurait décidé d’un coup de semonce afin d’éradiquer les raids du gang de Quantrill. Il a donc fait arrêter les épouses et les sœurs des hommes de Quantrill vivant à Kansas City car il les soupçonnait des les approvisionner et de les informer. Une fois enfermées dans la prison, elles y restèrent jusqu’à ce que, un beau jour, le bâtiment s’effondre sans explication, tuant cinq d’entre elles. Furieux, Quantrill décida de se venger. Avec 450 hommes, il fila sur Lawrence, ville détestée car on avait essayé de l’y pendre en 1861. Une liste de 150 personnes à abattre en main, aucune n’en réchappa sauf une qui entendit les chevaux à temps et sa cacha toute une nuit dans un champ de maïs assez hauts pour la protéger. Sidéré, Ewing fit évacuer les civils de toute la région : plus de 10 000 personnes chassées de leurs terres.
Quantrill (et sa bande) pillait et tuait sous couvert de la Confédération qui ne lui confia jamais aucun commandement…
Les deux camps rivalisèrent de tactiques variées pour tuer, affamer, reprendre du terrain, allant jusqu’à tenter de s’adjoindre l’aide des Cherokees qui servirent dans les deux camps !
La paix signée grâce aux victoires de l’est laissa des haines et une violence inassouvies dans les territoires de l’Ouest en grande patrie à cause de méfaits d’hommes tels que Quantrill et Jesse James qui, lorsqu’ils étaient encore en vie, ne déposèrent jamais les armes mais se « reconvertirent » dans ce qu’ils avaient finalement toujours fait, même sous le couvert de leurs uniformes, le banditisme.
BILAN :
Traumatisante, désastreuse, cette guerre de Sécession mit tout de même fin à une situation instable née avec l’indépendance américaine. L’abolition de l’esclavage fut promulguée et on accepta que ce vaste territoire soit composé d’Etats semi-indépendants réunis en une nation unie et gouvernée par un Congrès et un président avec pour référence commune une seule Constitution.
Mais plus de 3 millions d’hommes furent contraints de se battre, 617 000 furent tués et autant estropiés à vie. Entre les épidémies, la gangrène, le manque de nourriture, de vêtements chauds en hiver, d’abri, les opérations effectuées à vif par des chirurgiens débordés et sous-équipés, un homme sur quatre était mort sur un champ de bataille. A cela s’ajoutèrent les morts civiles, quelques dizaines de milliers, impossible à dénombrer exactement. Au final, cette guerre coûta 4 millions de dollars au Sud et plus de 16 milliards au Nord qui racheta les esclaves noirs pour 3 milliards…
Néanmoins, si le nord a développé son industrie, les destructions ont ravagé le sud de sorte que nombre de ses habitants furent jetés sur les chemins avec un sac pour tout bagage, ce qui ne fit que nourrir une rancune tenace durant plusieurs générations. Ce qui explique la résistance durable et criminelle des états du sud à faire appliquer les droits civiques des noirs qui émigrèrent massivement dans le nord au cours des décennies suivantes. Mais on sait que ceux qui demeurèrent dans leur sud natal, puisque le nord ne les accueillait pas non plus à bras ouverts car ils venaient prendre du travail aux blancs, subirent encore longtemps les effets du racisme, mentalité qui perdure aujourd’hui… Et ainsi naquit le Ku Klux Klan…
Un état major nordiste visité par Lincoln...
Sources : Wikipédia, Google images.
Dernière édition par Anabel185 le Mar 19 Juil 2011 - 14:21, édité 1 fois
même pas vu !!!!!!!!!!!!!! nan mais ch'uis vraiment HS de la mort là ! bouhouhou!! j'veux dormir plus de 5h par nuits !!!!!!!!!!!
