Titre : Edward aux Mains d’Argent
Titre original : Edward Scissorhands
Réalisateur : Tim Burton
Genre : fantastique, drame, romance
Acteurs : Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall
Scénario : Caroline Thompson, Tim Burton
Musique : Danny Elfman
Production : Denise Di Novi et Tim Burton
Distribution : 20th Century Fox
Durée : 105 min
Année : 1991
Origine : USA
Synopsis.
Il était une fois un inventeur très âgé vivant seul dans un vaste château sombre et qui rêvait d’avoir un fils.
Il en fabriqua donc un. Mais le vieil homme mourut avant d’avoir achevé son œuvre et Edward se retrouva orphelin, avec des lames tranchantes à la place des doigts. Reculé du monde, Edward eut peur de sortir jusqu’à ce que Peggy, une femme représentante en cosmétique ne s’invite dans la sinistre demeure et tombe nez à nez avec lui. Curieuse, étonnée et entraînée par son bon cœur, Peggy lui propose de l’emmener chez elle afin qu’il découvre le monde extérieur.
Timide mais enthousiaste, Edward se laisse donc emmener, présenter à tout un quartier résidentiel, vêtir par les soins de Peggy et présenter à la famille de sa bienfaitrice. Parmi les enfants, il y a Kim. Une adolescente candide et jolie qui s’empresse de soutenir Edward au quotidien. Si le jeune homme commence à trouver sa place dans ce monde grâce à son habileté à user de ses lames, jouant les jardiniers, les paysagistes et les coiffeurs, une méfiance demeure face à ces mains qui, décidément attisent la méfiance.
l'animal est bien le seul qui se fiche de savoir si on est bossu, laid ou muni de lames au lieu de mains...
Avis.
Un conte de fée bien triste digne de Tim Burton. Tout commence et se termine dans un décor sombre et glacé, autour d’un personnage aussi innocent que son apparence peut sembler inquiétante. L’idée est celle de la tolérance mais Burton la met en scène suivant ses propres codes. Un personnage improbable à l’allure d’enfant qui aurait grandi trop vite, à la timidité maladive propre aux artistes, dont la coiffure et le costume de départ rappellent étrangement Burton lui-même.
Comme dans chacun de ses films, il nous présente deux mondes en contraste : celui de la nuit et de la neige, de la peur instinctive propre aux humains, et celui de la vie paisible, un quartier de maisons toutes faites sur le même moule, baignées de teintes pastelles et de soleil, d’une harmonie géométrique propre. Et pourtant, une fois encore, Burton montre que le monde de la lumière n’est pas celui auquel il faut rêver parce qu’il est une façade mensongère cachant les pires sentiments humains. Non, le monde que nous méprisons par peur, celui de la nuit, du froid, imitant la mort, est en réalité bien plus doux et préférable car il est sincère et accepte les êtres tels qu’ils sont.
Débarrassé de son étiquette de héros TV, Johnny Depp incarne un Adam né des mains de l’homme, un organisme vivant enfermé dans l’artificielle apparence triste d’Edward. Les cheveux de nuit, les yeux de nuit, les lèvres sèches et marquées d’une créature de Frankenstein, le teint pâle d’un mort, il est un Edward économe de tout : mots, mouvements, expressions, qui se cache en lui-même et ne se trahit qu’au contact de la jolie Kim parce qu’elle éveille son cœur jusqu’alors endormi. Elle n’a pourtant rien d’extraordinaire, c’est une ado américaine typique mais elle est attentive face à lui, elle l’encourage et ce qu’elle lui fait éprouver le rend humain, enfin. Pourtant cette humanité révélée ne le sera que de courte durée, tel est le destin des êtres différents. Avec le rôle d’Edward, Johnny Depp est devenu un acteur reconnu et on comprend pourquoi : c’est un rôle taillé sur mesure !
Avec ce film, Burton a imposé un peu plus son style et l'univers qui est le sien, onirique mais résolument hanté... par la beauté !