A l’heure où la chaîne culturelle Arte nous propose des films de qualité, à savoir Fog de John Carpenter, nous avons eu la chance de visionner des excellents films d’animation depuis les deux derniers mois, à savoir Mon voisin Totoro, ainsi que Princesse Monoké et ce soir Ponyo sur la falaise. Tous ces films sont issus du studio Ghibli, petite entreprise au pays du soleil levant. L’un des fondateurs est le prestigieux Hayao Miyazaki qui donne un nouvel essor au dessin animé, loin des clichés habituels de la violence des animés actuels, ici l’univers représente toute la bonté humaine, ainsi que l’harmonie avec son environnement naturel.
Honneur et Respect
A 74 ans, le maître de l’animation japonaise, auteur d’une somme impressionnante de chefs-d’œuvre « Nausicaä de la vallée du vent, Porco Rosso (sortie en blu-ray ce mois-ci,…) va prendre sa retraite et laisser son œuvre ultime ce bouleversant film qu’est « le vent se lève » ; dont le titre est un vers emprunté au sublime poème de Paul Valéry, le « Cimetière marin ».
Ce film désenchanté et mélancolique se regarde comme un testament d’artiste : on scrute le dernier combat à l’œuvre puisqu’il faut bien tenter de vivre après la catastrophe, vivre après quand la terre ne cesse de gronder, vivre quand le ciel s’embrase sous les feux croisés de la colère des hommes belliqueux et des dieux orgueilleux.
Que reste-t-il après l’horreur de la grandeur des rêves ? Que reste-t-il quand toute utopie s’est effondrée et que toute innocence s’est perdue ? A savoir que l’auteur a vécu ces atrocités pendant son enfance, c’est l’une des raisons que cet animé se destine à un public mature.
Un rêve transformé en cauchemar
Pour répondre à ces questions essentielles dans ce film requiem qui est son plus adulte, son plus réaliste et son moins fantaisiste, Hayao Miyazaki s’empare du destin de Jiro Horikoshi, ingénieur de génie et rêveur fou de machines volantes poétiques, qui conçut le chasseur Zéro, bijou technologique et engin de malheur et de mort, utilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Jiro Horikoshi voit ses aspirations humanistes et progressistes s’envoler et il sacrifie son amour au travail et au devoir patriotique. Cette histoire intime et personnelle contient l’histoire même du Japon du XXe Siècle qui a renoncé à ses rêves et sombré dans une crise morale.
Le vent se lève toujours sur le tourbillon de la guerre, de l’Amour sacrificié, sur une tristesse insondable, sur un vide immense, et au bord du gouffre empli de larmes, il faut tenter de vivre.
Le vent se lève et nous devons se souvenir du passé
L’ultime œuvre du maître de l’animation japonaise, film céleste et rempli de souvenirs, déploie les ailes de l’utopie perdue d’un Japon pacifié. A l’heure où nous célébrons le centenaire de la 1ière Guerre Mondiale, gardons en mémoire nos erreurs passées et évitons de nouveau le massacre ; est-ce une mise en garde de l’auteur ?
Le film croise le fer avec le projet du 1er ministre Shinzo Abe d’amender la Constitution pour redonner à l’armée toute sa place et son pouvoir.
L’Homme est capable de tout du meilleur comme du pire. Soyons des êtres doués d’une conscience et d’un profond respect.
Sources : N.Chifflet pour sa participation, Allo Ciné (images)
Un Grand Merci à ma Douce, ainsi qu'Ana, si vous passez par là. (un Hommage à votre participation)