[Calendrier de l'Avent] Etrange Noël conté, Mr Scrooge

Cadeau d'Ana pour le 20 décembre :





Titre : Le Noël de Mr Scrooge.
Titre original : A Christmas Carol (Cantique de Noël)
Auteur : Charles Dickens
Genre : Conte, fantastique
Année : 1843
Edition commentée ici : Omnibus 2010.


Résumé.


Dans l’Angleterre du 19e siècle, au cœur d’une petite ville. Ebenezer Scrooge est notaire. Jusqu’à récemment, il partageait son affaire avec Jacob Marley mais celui-ci est décédé et Scrooge se réjouit secrètement d’être devenu le seul bénéficiaire de la fortune du cabinet notarial puisque Marley n’avait aucune famille. Scrooge est le modèle de l’avare, antipathique, méchant et même cruel avec les autres. Qu’ils soient riches ou pauvres, ils les méprise tout autant, pour lui seul l’argent compte et cet argent dort dans son coffre. Il se moque que son unique employé, un jeune père de famille, ait froid dans leurs bureaux en cet hiver particulièrement rude, il se fiche de ce membre éloigné de sa famille qui vient lui rendre visite soit-disant parce que Noël approche. Non, Scrooge est bien seul.

En cette veille de Noël, il refuse de laisser son employé partir plus tôt et lorsque la nuit vient, il est le seul encore au travail. Il se décide à laisser ses affaires, bougonnant que le jour de Noël accapare tant les gens (quel intérêt que tout ceci ?), et file chez lui, sans un regard pour quiconque.
Après avoir passé en revue chaque centimètre de son logement, car il craint les voleurs mais ne fait aucune confiance aux banques, il se calfeutre et dîne devant un maigre feu.
Alors qu’il s’apprête à se mettre au lit, un bruit sourd retentit, venant de la cave semble t-il… Le bruit gagne en puissance et rappelle celui de chaînes que l’on traînerait. Scrooge est paralysé à la fois par la peur et par le refus : tout ceci n’existe pas ! Soudain, la porte de sa chambre s’ouvre et le spectre de Marley se glisse jusqu’à lui ! Le fantôme porte bien des chaînes, lourdes, sombres, faites de cadenas bien fermés. Marley explique que ce sont là le châtiment pour sa vie passée à ne se soucier que d’argent, à ignorer les autres, à ne penser qu’à lui-même. Scrooge frémit lorsque Marley lui annonce que de semblables chaînes l’attendent dans la mort ! Sauf si… En cette nuit de Noël, trois esprits viendront le visiter, trois fantômes. Celui du Noël passé, du Noël présent et du Noël futur. Ce qu’ils lui demanderont est la seule chance pour Scrooge de se racheter….



Avis.


Bien qu’écrit au 19e siècle, le « Cantique de Noël », car c’est là son titre original, est d’une lecture fluide et aisée. Si Dickens s’attarde sur des détails ne servant qu’à insister sur la nature odieuse et obsessionnellement matérielle de son personnage principal, il ne perd jamais le lecteur en cours de route. Ses descriptions sont directes et on s’en fait très vite une idée précise : décors, physiques, ambiance… On est plongé dans une atmosphère qui alterne entre satire comique, terreur, fantastique, sentimentalisme, amusement. L’évolution de la mentalité de Scrooge est bien menée, réaliste et agréable. Dickens ne condamne pas formellement son héros, il lui tend la main à travers ces trois fantômes de Noël qui lui montrent ses erreurs passées, lui expliquent comment et pourquoi il est devenu aigri et méchant, lui montrent le monde tel qu’il refuse de le voir, font tomber ses œillères et lui promettent une rédemption face au terrible châtiment qui lui est d’ors et déjà attaché.



Ce conte est parfait pour Noël car il n’est pas bêtement moralisateur. Il explore l’égoïsme propre de la nature humaine et les moyens de mieux voir ce que l'on refuse de contempler. S’éveiller à la générosité, au cœur dans ce qu’il de plus pur à offrir et qui est le message premier de Noël, voici ce que raconte Dickens.

Une lecture agréable à tout âge, le « Cantique de Noël » est un classique qu’il fait bon lire.

Extrait :

"Le vieux pêcheur était un avare qui savait saisir fortement, arracher, tordre, pressurer, gratter, ne point lâcher surtout ! Dur et tranchant comme une pierre à fusil dont jamais l'acier n'a fait jaillir une étincelle généreuse, secret, renfermé en lui-même et solitaire comme un huître. Le froid qui était au dedans de lui gelait son vieux visage, pinçait son nez pointu, ridait sa joue, rendait sa démarche roide et ses yeux rouges, bleuissait ses lèvres minces et se manifestait au dehors par le son aigre de sa voix. Une gelée blanche recouvrait constamment sa tête et ses sourcils et son menton fin et nerveux. Il portait toujours et partout avec lui la température au-dessous de zéro; il glaçait son bureau aux jours caniculaires et ne le dégelait pas d'un degré à Noël.
La chaleur et le froid extérieurs avaient peu d'influence sur Scrooge. Les ardeurs de l'été ne pouvaient le réchauffer, et l'hiver le plus rigoureux ne parvenait pas à le refroidir. Aucun souffle de vent n'était plu âpre que lui..."
"Le bruit fut remplacé par un choc de ferrailles venant de profondeurs souterraines, comme si quelqu'un traînait une lourde chaîne sur les tonneaux de la cave du marchand de vin [...] La porte de la cave s'ouvrit avec un horrible fracas, et alors il entendit le bruit devenir beaucoup plus fort au rez-de-chaussée, puis monter l'escalier et enfin s'avancer directement vers sa porte"